Premier voyage en langue maya avec surréalistes à bord
Armand Gatti
15,00 €
Collection : « Libre Espace »
Auteur-e : Armand Gatti
Parution : Mars 2001
Pages : 128
Format : 105 x 170
ISBN : 2-913165-39-7
11,00 €
Présentation
L'histoire commence avec Augusto le balayeur, l'anarchiste rescapé des tueurs Pinkerton, le père qui, dans les mots du fils qu'il ne lira jamais, retrouvera les histoires dont il l'a enivré. Le début de la geste familiale d'Armand Gatti en quatre volumes.
Il y raconte son histoire familiale, donc l'histoire du 20e siècle. Il y raconte l'histoire de ceux de sa famille qui furent pris par la guerre de 14, ceux qui virent avec leurs yeux d'hirondelles les cruautés et les clameurs enragées de l'Amérique – Chicago – des Pinkerton et des chaises électriques, de la politique en forme de règlement de compte. Il y raconte Chicago, les cinq solitudes du mot Révolution pour chanter les destins d'un enfant Uccello sur les bords du lac Calumet. Il y raconte l'histoire de frères à la recherche de frères. C'est une histoire pour se souvenir de l'histoire et s'en servir, pour entonner ce «chant fraternel»: Nous ne sommes rien, soyons tout.
Il nous a offert ces textes un jour de septembre 2000, lors d'une longue discussion où se mêlaient ses préoccupations les plus denses : le rapport entre la poésie et la science et surtout la pensée, les actes de bravoure et d'oblation du philosophe-logicien Jean Cavaillès, exécuté par l'armée d'Occupation en 1943 – pour fait de résistance. Cavaillès, pensée si puissante, une fois mort devient, pour l'administration des bourreaux, «l'inconnu n° 5». Tout s'enchevêtrait donc.
Les gerbes des «étincelles» quantiques, le maquis («Pendant mon tour de garde, la nuit, je lisais Gramsci aux arbres, et ils me répondaient, ils me répondaient», nous racontait Gatti), le camp, le souvenir de ses peines et de ses enthousiasmes, ses pérégrinations à travers le monde et ses rencontres avec la Chine (l'idéogramme), la prégnance de l'image terrible d'un homme, Cavaillès, qui-en-temps-de-paix-maniait-les-équations-et-les-concepts-et-qui-en-temps-de guerre-contre-le-plus-abject-des-ennemis-jonglait-avec-la-dynamite, cet homme fauché par les balles à la prison d'Arras, au Pentagone 43.
Voilà, entre autres, ce que Gatti nous donna, en plus de ses écrits. Nous avions quasiment achevé l'édition de ce livre alors que le sous-commandant Marcos enflammait la jungle. Lequel Marcos, pour Gatti, est le lutteur à mots nus, contre les exterminateurs : «Pendant des décennies, il y avait en exergue à toutes nos expériences la phrase de Yon Sosa, venu du fond des maquis indiens guatémaltèques : «L'arme décisive du guérillero, c'est le mot»; «Les mots prononcés par Marcos en sont l'écho, multiplié. Un écho, inespéré en ce carnassier début de siècle à l'intérieur duquel le Projet de Maison de l'Arbre (le lieu d'écriture et d'expression de Gatti et de ceux qui y passent, à Montreuil) se retrouve, à part entière : "Pour nous la langue sert moins à communiquer qu'à construire. Le militaire est une personne absurde qui doit recourir aux armes pour convaincre l'autre. Nos armes à nous, ce sont les mots. Il faut donc que nous soyons attentifs à notre arsenal, à tout moment, car les Indiens nous ont appris à revenir toujours et encore sur les mots pour les armer et les désarmer... Le grand livre politique pour nous ? Don Quichotte...» (Marcos)
«Aujourd'hui, chercher un langage d'Univers devient, dès l'énoncé, un appel à la résistance.»
Commentaires
Illustration de Raymond Moretti.
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