Un être de raison

Critique de l’homo œconomicus

Collection : « Utopie Critique »

Auteur-e : Tony Andréani

Parution : Avril 2000
Pages : 244
Format : 130 x 210
ISBN : 2-913165-11-7

18,50 €

Présentation

L'homo œconomicus est le dispositif central d'un discours économique envahissant, tant dans le domaine des sciences sociales que dans celui de la vie quotidienne. Et il a trouvé un puissant renfort dans les théories de l'action rationnelle, dont il constitue l'une des sources. Ce livre ne dénie pas toute pertinence à une approche qui voit dans l'agent un acteur qui cherche à optimiser un résultat sous contrainte. Il montre même que, dans la sphère du travail et des rapports sociaux, les individus ont nécessairement des activités rationalisantes et des comportements soutenus par des intérêts, en fait multiples. Cette sphère cependant n'est aucunement réductible au paradigme marchand, propriétariste et techniciste qui domine la pensée économiste et le discours libéral. En outre la rationalité n'y est pas seulement limitée, mais encore tronquée par des pratiques et des mécanismes de domination, qui la condamnent à la méconnaissance, ce à quoi viennent s'ajouter des phénomènes de croyance. En revanche l'approche n'est guère pertinente dans la sphère du temps libre et des rapports interpersonnels, qui est bien au contraire le champ du désir, de la jouissance et du fantasme, de la socialité originaire, de l'empathie, des passions, de l'irrationnel, pour le meilleur et pour le pire. Or c'est toute une dialectique subtile qui se tisse entre ces deux sphères, dialectique sans laquelle on ne comprend rien aux mouvements et tourments de l'histoire individuelle et collective. Le deuxième objectif de ce livre est de fournir un argumentaire pour une politique de l'humain, qui, en conjuguant liberté et égalité, voudrait donner à notre «nature» les moyens de réaliser ses potentialités et, en rouvrant la perspective d'un progrès, permettre à l'homme moderne d'échapper, comme homo socius, à l'angoisse de sa conscience malheureuse.
Tony Andréani a voulu rassembler systématiquement des arguments contre l'une des croyances les plus pesantes actuellement : la représentation des individus et des relations sociales au travers des lunettes de l'homo œconomicus. Il faudrait croire, nous dit-on, que l'idéal humain réside dans un calcul rationnel «pur». La rationalité d'un individu capable d'avoir une vision d'entrepreneur serait la base même de la seule analyse possible de la vie en société. Comme si l'individu existait réellement indépendamment des conditions de sa formation et des configurations au sein desquelles il peut agir; comme si la réalité sociale n'était pas hiérarchisée, au travers de rapports politiques et économiques venant stabiliser des places dans la société. Comme si la théorisation néolibérale donnait simplement la description de la nature humaine et des nécessités d'une «économie» dictant ses ordres naturels à l'humanité souffrante et réfléchissante ! Tony Andréani contient une rage polémique, la discipline et choisit de suivre une à une les constructions théoriques en faveur de ces «idées dominantes». I

L'exercice de méthode apporte bien des éléments utiles pour des ceux qui ont besoin de tels repères au sujet des théorisations et des publications qui font référence et qui souhaite remettre de l'ordre dans des idées fort bousculées.